Les Cahiers du cinéma et le Cinéma du Panthéon vous donnent rendez-vous le lundi 20 janvier pour la première séance de 2025 !
Pour la troisième fois, nous présentons en janvier le film lauréat du Prix André Bazin, qui récompense chaque année depuis 2022 un ou une cinéaste dont le premier long-métrage, quelle que soit sa nationalité, est sorti en France.
En décembre 2024, le jury composé de Anna Mouglalis, Patricia Mazuy, Yal Saddat, Jean-Baptiste Doulcet, Judith de Luze et Léonie Pernet a choisi de récompenser :
LA VIE SELON ANN, de Joanna Arnow
(États-Unis, 2023, 1h28)
avec Joanna Arnow, Babak Tafti, Scott Cohen
Synopsis :
Ann est une jeune new-yorkaise qui a choisi pour mode de vie la soumission. Ses relations avec les hommes, au travail et avec sa famille, deviennent alors un savoureux terrain de jeu.
Discours du jury :
Découvrir les premières œuvres, c’est rencontrer des gens pour la première fois : on se retrouve dans l’inconnu, avec l’excitation de l’inédit, mais aussi avec l’angoisse de devoir choisir et décerner un prix.
Merci aux Cahiers du cinéma de nous avoir confronté à ce beau défi, en nous proposant des visions, des contrées et des époques variées, pour nous arrêter devant un paysage à part, hautement contemporain, mélancolique, caustique, singulièrement politique. Ce paysage, c’est d’abord le corps d’une femme, tout à coup nu, puis tout à coup vêtu, en représentation dans une chambre à coucher puis dans un open-space ; une femme qui vit sa sexualité librement en faisant le choix de la soumission par une servitude volontaire, s’offrant à des amants dominateurs puis à des patrons hypocrites, les premiers lui permettant sans doute de mieux supporter les seconds.
Cette femme qui trace sa voie à travers un monde occidental terne dans lequel elle s’entête avec obstination à mettre un peu de chair, est incarnée par l’autrice elle-même, téméraire, et frontale. Elle cherche et invente une manière de regarder et de se regarder avec une distance comme une Buster Keaton rescapée. Elle sculpte l’autofiction féministe comme une matière où chercher le vivant moderne.
Ce premier long métrage est d’autant plus périlleux et précieux dans un moment où le cinéma indépendant américain se trouve au bord de l’asphyxie, et parfois d’un formatage uniforme, malgré les nombreux talents qui entretiennent sa flamme.
Avec La Vie selon Ann, Joanna Arnow , qui semble une solitaire intempestive d’aujourd’hui, a tout risqué parmi eux. Ce qui peut l’aider à continuer à chercher et à travailler son œuvre future est plein d’attentes de notre part, et c ’est pourquoi nous sommes fiers de lui remettre le prix André Bazin.